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RCF: La noblesse française : histoire, codes et valeurs par Éric Mension-Rigau

23 mai 2019 Revue de presse
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La noblesse française, ce sont 3.000 familles dont 300 remontent au Moyen Âge. Si elle nous fascine autant, c’est à cause de la longévité et de l’histoire dont elle témoigne.

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Appartenir à une lignée, porter un nom souvent à particule, voir son histoire familiale rattachée à un château, faire partie d'un monde avec ses codes et ses blasons. Qu'est-ce que la noblesse au XXIe siècle en France ? Pourquoi nous fascine-t-elle encore aujourd'hui ? "Ces familles donnent l'impression d'avoir le secret de la longévité" : c'est ainsi qu'Éric Mension-Rigau définit l'objet de sa passion, cette frange marginale de la population française qui vit du souvenir de privièges. Il publie "Enquête sur la noblesse - La permanence aristocratique" (éd. Perrin).
 

La noblesse aujourd'hui en France, c'est environ 100.000 personnes, 3.000 familles, 0.2% de la population française

 

Qu'est-ce que la noblesse ?

"Une famille noble c'est une famille qui est héritière et dont le corpus de valeurs est fondé sur la référence au passé." Qui dit noble, dit appartenance à un clan, culte des aïeux et de l'histoire. L'historien rappelle que les trois principes d'éducation aristocratique sont "hériter, transmettre et s'adapter : les trois sont indispensables pour que l'identité demeure." 

On peut être aristocrate sans être noble. La noblesse repose sur un socle de valeurs, telles que "l'honneur, la dignité et le rang", mais aussi "le sens du service d'autrui, le goût de la performance physique et morale, la maîtrise de soi, l'appétance pour la transcendance spirituelle".
 

Les nobles aujourd'hui en france sont "des marginaux"

Pour définir la noblesse, c'est "le temps" qui est "le paramètre de classification". Il y a "la noblesse immémoriale", à laquelle appartiennent environ 1.000 familles. Parmi elles, les plus anciennes, une petite dizaine, remontent au XIe siècle : les La Rochefoucauld, les d'Harcourt, les Mortemart... "On compte encore 315 familles de noblesse chevaleresque, dont la généalogie est suivie depuis 1400, d'autres depuis 1550."

La noblesse n'a plus d'existence juridique depuis 1848 : être noble aujourd'hui, c'est maintenir le souvenir d'un héritage et de privilèges, ce qui va à contre-courant de la "culture dominante". Et pourtant, Éric Mension-Rigau, qui en est à son 15e ouvrage sur le sujet, continue de l'étudier avec passion. Plus précisément, il se consacre à "l'étude de la persistance de l'identité nobiliaire dans la France post-révolutionnaire". La noblesse aujourd'hui en France, c'est environ 100.000 personnes, 3.000 familles, 0.2% de la population française. Un brin espiègle, Éric Mension-Rigau affirme qu'il est "un historien spécialiste de la marginalité".
 

La noblesse, une part de notre patrimoine

À l'origine, la noblesse est ce qui rassemble les meilleurs : ce qui a justifié leur "statut juridique exceptionnel". La noblesse française en effet "est certainement celle qui a eu les contours juridiques les plus clairement définis à partir du XVIe siècle, pour des raisons fiscales". Avec le privilège de ne pas avoir à payer les "impôts roturiers en échange de l'impôt du sang".

Si les historiens disposent aujourd'hui de nombreux documents d'archives, c'est parce que, de la grande réformation de la noblesse en 1661 jusqu'au début du XVIIIe siècle, "la noblesse a été soumise à des contrôles nécessaires pour l'accès aux emplois réservés". On peut voir dans tout cela l'une des causes de "ce réflexe de non indifférence", selon les mots d'Éric Mension-Rigau, que la société a à l'égard de ces familles. Comme on reste attaché à un patrimoine.

 

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