News

Identité nobiliaire dans la France du XXIème siècle

10 octobre 2010 Article
Vue 11037 fois

Je voudrais en guise d’introduction souligner tout d’abord trois paradoxes concernant la situation pour le moins originale de la noblesse en France à l’heure actuelle.

La noblesse n’a plus d’existence légale en France, mais le législateur reconnaît toujours l’existence des titres de noblesse, en vertu d’un principe fondamental du droit français qui prévoit qu’un texte non abrogé est toujours en vigueur. En effet, la réglementation édictée par Napoléon III à propos des titres de noblesse (décrets des 24 janvier 1852 et du 5 mars 1859) n’a jamais été abrogée et continue donc à régir la dévolution des titres de noblesse, qu’il s’agisse de ceux de l’ancienne France ou de ceux des différents régimes du XIXe siècle qui se sont succédé avant l’avènement de la IIIe République. Les familles détentrices d’un authentique titre de noblesse peuvent donc le faire enregistrer très officiellement au ministère de la Justice et plus de 400 titrés ont ainsi fait reconnaître leur droit depuis 1872 (inscription du titre sur les documents officiels : passeport, carte d’identité, actes d’état civil...). De même, les personnes ayant obtenu un titre de noblesse d’un souverain étranger peuvent le faire reconnaître en France. Ce fut le cas pour treize titres conférés par le pape entre 1870 et 1877 et pour le chef de la famille de Levis Mirepoix autorisé par décret du 24 août 1961 à porter en France de titre espagnol de duc de San-Fernando Luis. De plus, l’usurpation des titres est toujours interdite en vertu de l’article 259 du code pénal, mais il faut bien reconnaître que le ministère public n’est pas très diligent dans ce domaine et qu’il appartient aux victimes de se manifester…

Deuxième paradoxe : plus nous nous éloignons de l’époque où la noblesse bénéficiait d’un statut officiel en France, plus la connaissance du monde nobiliaire s’améliore avec un extraordinaire renouveau des études nobiliaires. J’en veux pour preuve les très nombreux ouvrages publiés depuis une cinquantaine d’années. Il s’agit essentiellement de travaux scientifiques qui n’ont rien à voir avec les publications complaisantes du XIXe et du début du XXe siècle des « marchands de merlettes » pour reprendre l’expression de Martial de Pradel de Lamase.

Parmi les plus importants, on peut citer, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle de Gustave Chaix d’Est-Ange, Du temps des privilèges au temps des vanités du vicomte de Marsay, Le second ordre de Jougla de Morenas, L’histoire de la noblesse française de Christian de Bartillat, Naissance de la noblesse de Karl Ferdinand Werner, Le catalogue de la noblesse française de Régis Valette, La noblesse de Philippe du Puy de Clinchamps, Le nobiliaire de France du Docteur Dugast Rouillé, le Dictionnaire de la noblesse française de Saint Simon et Séreville, Etat de la noblesse française subsistante de Michel Authier et Alain Galbrun, le Nouveau nobiliaire de France d’Izarny-Gargas, Lartigue et Vaulchier, le Dictionnaire et armorial de la noblesse de Patrice du Puy de Clinchamps.

À l’occasion du bicentenaire de la Révolution, on a même vu l’édition d’un traité de droit nobiliaire, ce qui n’était pas arrivé depuis près de deux siècles avec l’ouvrage d’Alain Texier, Qu’est-ce que la noblesse ? (1) Dans les années soixante, la collection des Cahiers Nobles avait diffusé un grand nombre d’ouvrages remarquables sur le droit et l’histoire nobiliaires, dont plusieurs ont été heureusement réédités ces dernières années. Parmi les plus importants, on peut citer Les honneurs de la cour de François Bluche, Les pages de la grande écurie du même auteur, L’anoblissement par charges avant 1789 de François Bluche et Pierre Durye, Les titres de noblesse en France et dans les pays étrangers de Jacques Descheemaeker…

Plus récemment, il faut signaler, parmi beaucoup d’autres, les travaux universitaires de Jean-Marie Constant, de François Bluche encore, dans la collection de la vie quotidienne, de Jean Meyer dans la collection Que sais-je, de Laurent Bourquin dans la collection Belin Sup, de Guy Chaussinand-Nogaret, de Guy Richard. Il faut rendre hommage aux universitaires pionniers tels que Jean Meyer pour sa thèse sur la noblesse bretonne et François Bluche pour ses travaux sur les magistrats du parlement de Paris, qui, dans les années soixante, ont osé enfreindre les tabous interdisant à l’époque de s’intéresser à l’étrange catégorie sociale des ci-devant. Il faut bien reconnaître que les choses ont totalement changé et que, d’un ostracisme radical, on est passé à un excès inverse au risque de provoquer une véritable « overdose » à l’égard des études nobiliaires. C’est ainsi qu’il n’est pas d’année sans soutenance de quelques thèses sur le second ordre, qu’il s’agisse de monographies familiales ou d’études régionales aux quatre coins du royaume telles que la Bretagne, la Provence, le Bordelais, la Franche-Comté, le Dauphiné, le Périgord, l’Ile de France, voire même des Irlandais réfugiés en France. Il faut dire aussi que les historiens ont découvert que les familles de la noblesse ayant largement participé à l’histoire de France détenaient fréquemment des archives du for privé totalement inédites. Il est bien évident qu’on ne peut que se réjouir d’une telle évolution et tout faire pour l’encourager.

Cet engouement ne s’est pas limité au droit et à l’histoire, mais s’est étendu à la sociologie, l’ethnologie et à l’art de vivre avec les recherches de Monique de Saint Martin (2) et surtout d’Eric Mension-Rigau (3) . Les journalistes eux-mêmes publient régulièrement des livres concernant la noblesse tels que François de Coustin (4) , Gérard de Sède (5) , François de Négroni (6) , Bertrand Galimard Flavigny (7) . De plus, nombre de journaux et même la télévision consacrent périodiquement à ce milieu des articles ou des émissions le plus souvent hélas totalement insipides, mais manifestement porteurs sur le plan commercial. C’est ainsi qu’en 1987, à l’occasion du millénaire des Capétiens, la revue Autrement a publié un numéro entièrement consacré à la noblesse sous le titre « Noblesse oblige , les aristocrates aujourd’hui, leurs valeurs, leur influence. » (8)

- Enfin troisième paradoxe : le nombre de nobles va en s’accroissant tandis que le nombre de familles nobles tend à diminuer. En effet, chaque année ou presque des noms s’éteignent alors que le taux de fécondité des familles subsistantes, nettement supérieur à celui de l’ensemble de la population, explique ce paradoxe. Il est évident que la noblesse ou plutôt l’identité nobiliaire continue toujours à fasciner, même au XXIe siècle et c’est pourquoi, nous allons essayer d’analyser le phénomène, d’en expliquer les raisons et la remarquable persistance.

 

I - Fascination et identité nobiliaire.

 

Cette fascination se manifeste sous plusieurs formes, mais la plus évidente concerne sans doute les demandes de changement de nom publiées très régulièrement au Journal officiel. Cette procédure dite administrative, non dénuée assez souvent d’arrière-pensée, a au moins le mérite d’être facilement repérable grâce à la publicité imposée aux requérants. La lecture du Journal officiel est toujours très instructive et le nombre impressionnant de noms à particules sollicités sous forme d’addition, voire de substitution pure et simple, ne laisse aucun doute sur l’attrait encore exercé par les patronymes d’apparence aristocratique. La consultation du Bottin mondain est également éloquente : les titres nobiliaires fantaisistes ou concernant des familles n’ayant jamais appartenu au second ordre y abondent, malgré les soins de la rédaction qui rejette régulièrement l’inscription de titres dont les éditions précédentes attestent qu’ils n’ont jamais été portés (9) . De plus, il existe d’autres moyens légaux mais beaucoup plus discrets faute de publicité d’orner son nom d’une particule : la rectification d’état civil devant les tribunaux de l’ordre judiciaire ou encore l’adoption. Tout cela, sans compter le rajout d’une particule motu proprio, notamment pour les noms commençant par les articles de, du, des. L’inflation des noms d’apparence nobiliaire a poussé nombre de chercheurs non seulement à publier toutes sortes de dictionnaires pour recenser l’authentique noblesse comme nous l’avons vu dans l’introduction, mais encore à s’intéresser de très près à cette noblesse d’apparence. Et c’est ainsi que ces dernières décennies ont vu la publication d’ouvrages tels que Le dictionnaire des changements de noms de Jérôme (Archiviste), le Carnet des familles nobles ou d’apparence de Joseph Valynseele et surtout Le simili-nobiliaire français de Pierre-Marie Dioudonnat qui ne décompte pas moins de 6000 familles, soit près du double des familles bénéficiant d’un principe régulier de noblesse (10) . Philippe du Puy de Clinchamps considère que l’importance sociale de la noblesse authentique subsistante est attestée par l’existence de ce fac-similé : « On ne poursuit pas, on ne s’épuise pas à ressembler à ce qui est définitivement mort » (11) . L’ancienne France avait le mérite, par nombre de procédés, de permettre aux meilleurs éléments du tiers-état d’accéder au second ordre. Cette fluidité sociale n’existe plus depuis que la noblesse est devenue bien involontairement une caste, ce qu’elle n’avait jamais été le cas au temps de notre glorieuse monarchie. Ce blocage explique pour partie l’ampleur prise de nos jours par la noblesse d’apparence. Une anecdote mérite d’être signalée dans ce domaine. Jean Gabin au cours de sa brillante carrière de comédien fut nommé chevalier de la Légion d’honneur et aux journalistes qui étaient qui étaient venus recueillir ses impressions, il avait manifesté sa satisfaction tout en précisant cependant « que dans l’ancienne France, on m’aurait anobli et que cela avait quand même une autre allure. »

Cet attrait de l’identité nobiliaire est également et tout simplement attesté par le langage quotidien dans lequel il est fréquemment question de tel ou tel personnage, entreprise, institution ayant obtenu « ses lettres de noblesse ». Derrière le terme de noblesse, il y a toujours l’idée sous-jacente d’une qualité exceptionnelle qui oblige d’ailleurs celui qui s’en réclame et qui s’impose également dans l’imaginaire collectif, d’où le fameux « noblesse oblige ». Les raisons de cette fascination sont multiples et malaisées à cerner. Comment expliquer, en effet, la survivance de l’identité nobiliaire dans un monde comme le nôtre ? Le général Jean du Verdier fait à mon avis une bonne approche de la noblesse lorsqu’il écrit : « Au-delà des vanités mondaines, c’est par la conscience qu’elle a de sa différence qu’elle constitue un groupe remarquable dans le monde contemporain. Se réclamer de la noblesse, qualité liée à la naissance, c’est admettre qu’une partie de nous-mêmes est prédestinée et c’est accepter les obligations qui en découlent. Le noble agit conformément à un code de conduite qu’il n’a pas élaboré seul. Il reconnaît que son comportement est dicté par son appartenance à un groupe social… Cette attitude le distingue dans un monde contemporain qui exalte un individu « libéré », homme de nulle part, sans mémoire de son passé, sans histoire familiale. Dans leur ensemble les nobles demeurent inspirés par une image d’eux-mêmes exigeante. Ce groupe social a su préserver sa spécificité à travers un attachement aux vertus et aux principes fondamentaux qui commandent la vie familiale et la vie en société» (12) . Molière exprime une idée proche lorsqu’il fait dire à l’un de ses personnages : « Nous ne pouvons prendre part à la gloire de nos ancêtres qu’autant que nous nous efforçons de leur ressembler et cet éclat de leurs actions qu’ils répandent sur nous nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu’ils nous tracent et de ne point dégénérer de leurs vertus si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. » (13) . La fascination qu’inspire la noblesse repose manifestement sur un certain nombre de valeurs dont elle se réclame.

Malgré ses faiblesses et ses misères, la noblesse a toujours joui d’un certain prestige, sans doute à cause de vertus et de valeurs qu’elle s’est plu à défendre avec constance et qu’il nous faut essayer de dénombrer.

 

II - Les valeurs reconnues ou prêtées à la noblesse.

 

Au premier rang de celles-ci, il est possible de placer le sens de l’honneur. Deux exemples historiques illustrent bien ce propos. Chateaubriand à la fin de son séjour prolongé à Combourg rapporte une scène au cours de laquelle son père le rappelle à ses devoirs et termine ainsi son entretien : « Monsieur de chevalier, je suis vieux et malade : je n’ai pas longtemps à vivre. Conduisez-vous en homme de bien et ne déshonorez jamais votre nom. » (14) L’honneur du nom et de la lignée est effectivement une préoccupation constante dans les familles nobles. Plus proche de nous et plus inattendu le témoignage de Jacques Duclos, ancien secrétaire du parti communiste, dans ses mémoires sur la grande guerre est encore plus saisissant : « Mon lieutenant de compagnie était le lieutenant marquis de Colbert ; c’était un homme de vingt-huit ans, amputé du bras droit, qui aurait dû être à l’arrière comme instructeur et qui avait demandé à être en première ligne. C’était un de ces aristocrates patriotes… disant à ses hommes avant de monter à l’assaut : « Partout où j’irai, suivez-moi ». Je le vois… avançant en tête sans armes… la canne à la main (peut-être comme un souvenir d’épée !), ce qui imposait le respect. Et devant le comportement de cet officier de troupe, mes camarades mécréants et moi-même nous n’étions plus tentés de nous moquer de l’insigne du Sacré-Cœur de Jésus qu’il portait à sa capote à la place du cœur. Cette silhouette d’homme… était impressionnante et nous sentîmes un frisson nous glacer le dos lorsque nous le vîmes tomber, une balle l’ayant mortellement atteint… Il est certain que lorsqu’un officier donne l’exemple du courage à la tête de ses soldats, chacun de ceux-ci sent que son honneur est en quelque sorte engagé… » (15) . Autrement dit, grâce à l’exemple, l’honneur peut devenir contagieux.

Une deuxième caractéristique de la noblesse se retrouve dans le sens exacerbé du devoir et du service. C’est ainsi qu’Alfred de Vigny déclare au moment de participer à l’expédition des « cent mille fils de Saint-Louis » pour aller défendre le trône de Ferdinand VII : «Ce sera dur, mais il le faudra ». Lors des expulsions des congrégations en 1904, nombre d’officiers nobles n’ont pas hésité un instant à faire valoir l’exigence de leur conscience comme le lieutenant Boux de Casson : « J’ai respecté les pagodes et les mosquées, je ne souillerai pas les temples de ma religion. » Résultat, six mois de prison, une mise en non-activité par retrait d’emploi et un nouvel engagement en 1914 (16) . Dans l’ancienne France, ce sens du service c’était évidemment le service du roi, mais cette tradition ne s’est pas perdue avec les grands commis de l’Etat, en général issus de l’ENA (3 anciens élèves issus du milieu nobiliaire en 1980, 4 en 1983, 5 en 1984, 6 en 1986, 7 en 1987). La plupart des descendants de la noblesse se font une certaine idée de la France et de tout temps ont largement payé l’impôt du sang par amour pour la patrie, notion encore en vogue dans ces familles. Durant la Grande Guerre et compte tenu de son effectif au sein de la nation, la noblesse peut revendiquer la première place pour le sacrifice au champ d’honneur avec 5 à 6% de tués en comparaison à la population noble contre un peu plus de 3% pour l’ensemble de la nation et 20 à 25% de nobles tués comparés à l’effectif des mobilisés nobles (17) .

Lors de la seconde guerre mondiale leur engagement fut également exemplaire comme en témoigne le Mémorial 1939-1945. L’engagement des membres de la noblesse et de leurs alliés édité en 2001 (18) . Les premiers résistants appartenaient souvent à la noblesse : tels le comte Honoré d’Estienne d’Orves, le comte Philippe de Hauteclocque et son fils Henri, l’abbé René de Naurois, Paul Dunoyer de Ségonzac, Gérard de Cathelineau, le Père Yves de Montcheuil. Quant aux déportés, on peut citer, parmi beaucoup d’autres, Guy de Kergaradec, le comte Florent de Bazelaire, le comte Adrien d’Esclaibes, le marquis de Laguiche, Jean de Page, le comte Henry de Pimodan, le marquis Yves de Chargère, Albert de Seguin de Reyniès, le comte Gabriel de Pontac, Jean de la Guéronnière, la princesse Anne de Bauffremont, la comtesse de Toulouse-Lautrec (née Béatrice de Gontaut Biron), Gilberte du Cheyron du Pavillon, Hélène de Francqueville, la comtesse Jacques de Bodin de Saint-Laurent… Sait-on que 49 Compagnons de la Libération sont d’origine noble, soit près de 5% du total (1046). Dans l’un de ses meilleurs romans, Michel de Saint Pierre évoque cette situation quand le héros principal, le marquis de Maubrun, affirme à propos des personnes nobles : « Elles veulent absolument se faire tuer à toutes les guerres…Elles ont à la fois la tentation de mépriser et le goût de servir. Partout où elles sont, Philippe, le niveau monte. Tu ne la vois pas, toi, cette petite armée de bougres à beaux noms qui marchent sur toute l’épaisseur de l’histoire et des traditions » (19) . C’est sans doute avec un tel état d’esprit que nombre de nobles ont embrassé la carrière des armes. À l’heure actuelle encore, ils représentent 2% des effectifs des officiers de l’armée de terre et 10% dans la Royale selon Christian de Bartillat (20) .

Mais le sens du service ne s’est pas limité au domaine de la haute fonction publique civile ou militaire, il a également concerné le domaine social avec les innombrables pionniers du catholicisme social : qu’il s’agisse d’Alban de Villeneuve-Bargemont et du libéral Charles de Montalembert, initiateurs en 1840 d’une première loi sur le travail des femmes et des enfants, du marquis René de La Tour du Pin et du comte Albert de Mun, fondateurs de l’Oeuvre des cercles catholiques d’ouvriers, d’Armand de Melun, de MM. de Riancey et d’Azy à l’origine des premières caisses de retraites ouvrières et de secours mutuel, des très nombreux membres de l’Action libérale populaire créée en écho à l’encyclique Rerum Novarum. C’est certainement dans le milieu agricole que les familles nobles ont eu une influence encore plus considérable, notamment sur l’amélioration des cultures grâce à des personnalités comme Gabriel de Saint Victor, Léonce de Vogüé ou le vicomte de Saint-Trivier et leur rôle fut déterminant dans le développement des sociétés d’agriculture, des comices, des syndicats avec la loi du 21 mars 1884, de la mutualité agricole, des coopératives, de l’enseignement. Emmanuel Leroy Ladurie, peu suspect de tropisme aristocratique, a bien résumé l’apport de la noblesse dans le monde rural lorsqu’il écrit :« Ces syndicalistes à particule ont souvent fait bien davantage pour transformer la société villageoise que ne faisaient les révolutionnaires en chambre, incapables d’appréhender les ruraux. » (21)

Enfin, au-delà des exemples précédents, l’engagement peut encore aller plus loin lorsqu’il concerne le plus haut service. Monique de Saint Martin constate que le nombre de vocations religieuses dans l’aristocratie, bien qu’en diminution, est encore relativement très important. C’est ainsi qu’en 1988, près de 4% des prêtres de la région parisienne étaient issus du monde nobiliaire, soit vingt fois plus que la proportion des descendants de la noblesse par rapport à l’ensemble de la population (< 0,2%). Ce constat n’est pas surprenant, car le milieu nobiliaire reste très attaché par son histoire et ses origines à la pratique religieuse et aux valeurs chrétiennes comme le souligne Cyril Grange, sans commune mesure avec le reste de la population. (22) . En effet, tout au long des XIXe et XXe siècles, d’innombrables représentants de la noblesse se sont largement investis dans des œuvres charitables de toutes sortes, dont l’une des plus significatives est sans doute l’Oeuvre des campagnes, toujours existante, destinée à rechristianiser le monde rural (23) . Les familles nobles sont également très présentes dans des publications religieuses de haut niveau telles que les Cahiers de la rue d’Assas où dans les années 80 près de 50% des responsables de ces Cahiers appartenaient au monde nobiliaire ou l’Oeuvre de soutien aux églises de France, dont le conseil d’administration est encore composé à l’heure actuelle de 66% de représentants de ce même monde.

Une autre vertu cultivée par la noblesse est la recherche fréquente du raffinement : l’attention à autrui, les relations dans la société, l’art de vivre, la bienséance, la dignité de la femme, bref ce que l’on dénomme en général la courtoisie. Au fil des siècles, toute une culture est issue du code de la chevalerie et des cours princières, «celle du respect de la femme, qui dorénavant, qu’elle soit noble ou non, aura le pas en société sur les hommes, le plus grand respect étant acquis aux dames âgées. » (24) . Un premier exemple de cette courtoisie nous est donné par Monique de Saint Martin lorsqu’elle rapporte les propos d’un ancien diplomate Christian de Nicolay : « Certains pensent bien faire en disant à leurs invités : Faites comme chez vous. C’est là, semble-t-il, une conception erronée du rôle de l’hôte qui paraît abandonner à son sort celui qu’il reçoit, avec la recommandation sous-entendue de ne pas se gêner réciproquement. Préférable est l’expression : soyez le bienvenu ; elle exprime, en effet, le souci de marquer à autrui un intérêt direct, une attention spéciale. » (25) . Un autre exemple très courant peut être signalé à propos des faire-part de mariage dans lesquels les parents expriment parfois leur joie au lieu d’utiliser la formule classique avec laquelle (ils) « ont l’honneur de vous faire part… » En effet, celle-ci, tournée vers autrui, est évidemment préférable, car elle donne de la considération au destinataire, alors que celle-là exprime une satisfaction égocentrique. Il s’agit de nuances certes, mais la courtoisie n’est-elle pas faite de ces raffinements ? Cette nuance n’a pas échappé à certains qui préconisent la formule mixte suivante : (ils) « ont l’honneur et la joie de vous faire part… », auquel cas, il n’y a plus grand-chose à redire… Edmond Burke, le clairvoyant politologue anglo-irlandais, exprime cette recherche du raffinement à sa façon quelque peu poétique : « La noblesse orne de sa grâce l’ordre civil, elle est le chapiteau corinthien d’une société policée. » (26)

Les descendants du second ordre revendiquent encore beaucoup d’autres vertus comme le respect de la parole donnée, la droiture, l’honnêteté intellectuelle, la recherche de l’excellence et de l’élégance, la générosité, le respect d’autrui, le courage, le sens de la hiérarchie, une relation affective à la terre, l’engagement pour les causes perdues… Tout cela peut paraître bien prétentieux, car il est bien évident qu’aucun d’entre eux ne peut réunir tant de qualités, mais il est sans doute vrai que les héritiers de la noblesse s’efforcent plus souvent que d’autres de les mettre en pratique. Certes, ils n’ont pas le monopole de toutes ces valeurs : d’autres catégories sociales peuvent les revendiquer, mais elles se rencontrent ou tout au moins devraient se rencontrer peut-être plus fréquemment et en plus grand nombre dans ce milieu. Christian de Bartillat, quant à lui, résume bien les valeurs que la noblesse est tenue d’incarner dans la formule suivante : « L’honneur venu des armes, le service venu du roi, la courtoisie venue des femmes, le sens de l’élévation de l’âme venue de Dieu.» (27) . Mais toutes ces valeurs, il ne suffit pas de les vivre, il faut aussi en assurer la persistance et la transmission aux nouvelles générations.

 

III - Persistance et transmission de l’identité nobiliaire.

 

Pour assurer la pérennité de leur identité sociale, les familles disposent d’un certain nombre de moyens, de substrats, de viatiques qui sont pour l’essentiel au nombre de trois : le patrimoine économique et foncier, le patrimoine social et le patrimoine symbolique.

Le premier est suffisamment éloquent et n’appelle guère d’explication complémentaire. On comprend bien que la possession multiséculaire d’un nom souvent très connu, d’une fortune et d’un château d’importance permet d’asseoir son identité aux yeux de tous. En revanche, les deux autres substrats sont plus subtils.

Pour le patrimoine social, la sociologue Monique de Saint Martin reprend la définition proposée par Pierre Bourdieu, c’est-à-dire : « L’ensemble des ressources qui sont liées à la possession d’un réseau durable de relations ou à l’appartenance à un groupe, comme ensemble d’agents qui ne sont pas seulement dotés de propriétés communes… mais sont aussi unis par des liaisons permanentes et utiles ». (28) . Ce capital social est évidemment transmis quasi exclusivement par la famille ou la parentèle, peut se fortifier par la fréquentation de certaines écoles ou institutions comme l’Ordre de Malte, le Jockey Club, la Société des Cincinnati ou encore l’ANF.

Le patrimoine symbolique, quant à lui, est encore plus délicat à définir. Monique de Saint Martin s’y est essayée en le présentant comme « l’appartenance à un ordre transcendant où la lignée dépasse l’individu et même la famille, où l’héritier se croit et se dit non pas le propriétaire de biens transmis par ses ancêtres mais le maillon d’une chaîne ou le dépositaire non seulement d’un héritage économique et matériel mais aussi de règles, de devoirs, d’obligations, d’un système de valeurs résumé dans le fameux « noblesse oblige ». (29) . Font partie de ce patrimoine des notions telles que l’honneur du nom ou de la lignée, le lignage, l’ancienneté et l’illustration de la famille, les alliances contractées, « le goût du rite tel que le chatoiement du blason, le palimpseste des titres, le dédale des généalogies » (30) , la participation à de grands rassemblements familiaux où sont exaltés les souvenirs et l’histoire de la famille ou à des commémorations comme l’émouvante et belle messe célébrée chaque année au mois de juin au cimetière de Picpus à Paris pour les victimes de la Terreur. Ce capital est sans doute le plus important et le plus précieux, car il constitue l’essence même de la noblesse : on ne peut pas le lui enlever, on ne peut pas l’acheter, pas plus qu’on ne peut acheter un nom. Comme pour le patrimoine social, la transmission du patrimoine symbolique est assurée pour une bonne part par l’éducation reçue dans la famille, évidemment essentielle car tout cela ne s’apprend pas à l’école. Certains auteurs voient une contradiction entre le primat qui serait donné à la naissance et la valorisation permanente de l’éducation. (31) . Si, comme Nietzsche, on peut penser que la naissance joue un rôle dans le caractère des individus, cela n’est en rien contradictoire avec la nécessité d’une éducation structurée, mais au contraire tout à fait complémentaire. (32) . En réalité, l’éducation familiale est plus nécessaire que jamais face à l’extraordinaire « mixité » sociale actuelle et à l’effondrement des connaissances des jeunes générations dans le domaine de l’histoire et de la culture générale. (33) . Pendant longtemps, la noblesse a pu se permettre de peu communiquer avec ses enfants car les non-dits étaient fréquents dans ce milieu social homogène où les choses allaient de soi. Cette époque est totalement révolue : « Le modèle muet ne suffit plus. Il est temps de dire vraiment les choses. » (34). Cela dit, il est bien évident que le cumul des trois patrimoines assure dans les conditions optimales la sauvegarde de l’identité nobiliaire. Il en est ainsi, par exemple, pour le duc de Brissac ou le duc de Rohan qui, pour ce dernier, ajoute à son patrimoine la présidence pendant de nombreuses années de la région Bretagne… (35)


L’un des éléments essentiels du patrimoine symbolique concerne les alliances contractées par les familles issues de la noblesse. Celle-ci s’est toujours montrée soucieuse à juste titre de ses alliances, mais il est évident que les modes de vie actuels, l’accès des jeunes filles de tout milieu aux études supérieures, l’ouverture des cercles de sociabilité et des rallyes ont pour conséquence d’entraîner une plus grande mixité sociale. Mais il n’est pas sûr que cette évolution ne présente que des avantages, car le mariage reste toujours une aventure et il vaut mieux cumuler les affinités plutôt que les disparités. Il n’y a que les très jeunes gens pour croire que le mariage est l’union de deux êtres seuls au monde, alors qu’il s’agit aussi de l’alliance et de la « pérennisation » de deux familles avec toutes leurs conséquences sur le mode de vie, l’éducation et les fréquentations des enfants d’abord et des cousins ensuite… Cela dit les mariages hors du cercle nobiliaire stricto sensu ont toujours existé, notamment avec de riches héritières américaines. Il faut bien reconnaître aussi que les modes de vie de l’aristocratie et de la bourgeoisie n’ont cessé de se rapprocher depuis le milieu du XVIIIe siècle, même si de subtiles différences n’échappent pas à un œil exercé.

En dépit de l’évolution des temps et des mœurs que nous venons d’évoquer, il est quand même incontestable que la noblesse a su garder une place de choix au sein de la société française et à vrai dire une visibilité sociale inversement proportionnelle à son poids numérique comme nous avons pu le constater précédemment dans l’armée et dans l’Eglise. Les descendants des familles de la noblesse ou leurs alliés sont encore largement représentés dans la diplomatie où ils occupent plus de 10% des postes (20 sur 190), à l’Académie Française 15%, à l’Académie des Sciences Morales et Politiques 8%. Dans certaines institutions culturelles ou protectrices du patrimoine, ils peuvent atteindre des pourcentages extraordinaires : 50% des dirigeants des VMF, 75% à la Demeure Historique, 80% dans la Société de vénerie, 100% dans la Société des bibliophiles français, 100% dans la Société des Cincinnati… On les trouve encore dans le monde scientifique du XXe siècle avec le prince Louis de Broglie, prix Nobel de physique 1929, Maurice de Broglie, son frère, le Père Teilhard de Chardin, le professeur Thierry de Martel, le comte Olivier Costa de Beauregard, directeur de recherches au CNRS, Jean-Luc de Gennes, le professeur Pierre Gilles de Gennes, cousin du précédent, Stanislas de Sèze, dans l’édition avec Christian de Bartillat, Xavier de Bartillat, Thierry de Clermont Tonnerre, Ithier de Roquemaurel, dans le monde littéraire avec Ghislain de Diesbach, Jean des Cars, Jacques de Lacretelle, Jacques de Bourbon-Busset, Jean de Viguerie, Michel de Saint Pierre, Guy d’Arcangues, Elvire de Brissac, Elisabeth de Grammont, Thérèse de Saint Phalle, le duc de Castries, le duc de Lévis Mirepoix, le duc de La Force, le prince Gabriel de Broglie, Antoine de Saint Exupéry, Françoise de Ligneris, Patrice de La Tour du Pin, Anna de Noailles, Jean d’Ormesson, dans le journalisme Henri de Turenne, Jacques de Ricaumont, Jean-François de Virieu, Thierry de Scitivaux, Aimeric de Dampierre, Amaury de Chaunac Lanzac (François d’Orcival)… Enfin, ils sont également nombreux dans le monde des affaires, ce qui n’est pas nouveau contrairement à une légende tenace, car dès le XVIIIe siècle nombre de membres du second ordre s’étaient investis dans les activités industrielles. Les noms les plus connus sont les Wendel, les Dietrich, les Vogüé, les Polignac, les Lassus Saint Geniès, les Boissieu, les La Tour d’Auvergne, les Hottinguer, les Saint Phalle…

Malgré les bouleversements du monde contemporain, malgré la vicissitude des temps, malgré l’éloignement progressif et inexorable de la société d’ordres qui l’a vu naître, la noblesse française a su jusqu’à présent préserver en général son identité sociale. Il y a là un phénomène assez extraordinaire deux cents ans après la Révolution, mais il faut bien reconnaître que la pérennité de cette identité est à l’heure actuelle sérieusement menacée par l’incroyable évolution des mœurs et des modes de vie. La persistance de l’identité nobiliaire a même fait l’objet d’une remarquable thèse d’habilitation par l’un des tout premiers connaisseurs de ce groupe social, le professeur Eric Mension-Rigau et c’est d’ailleurs à lui que j’ai emprunté le titre de mon propos. C’est ainsi qu’il conclut l’un de ses meilleurs ouvrages sur l’interrogation suivante : « Sa persistance dépendra de l’aptitude des nouvelles générations à conserver la mémoire collective du groupe, à en maintenir la transmission séculaire, à se nourrir du passé tout en le faisant rester vivant » (36) . La remarque est essentielle dans un monde banalisé, sans repère, toujours porté à un égalitarisme forcené et un métissage débridé.

Le premier danger qui guette actuellement nos familles est la dilution identitaire, contre laquelle il faut réagir vigoureusement, car aucune famille n’est à l’abri du phénomène et c’est bien là que l’ANF est manifestement appelée à jouer un rôle de premier plan pour aider les familles de la noblesse à maintenir leur identité sociale, leurs valeurs morales et à développer le sentiment d’appartenance des jeunes générations de moins en moins cultivées du fait des carences de l’enseignement actuel. Ces valeurs morales se cristallisent autour « des préceptes d’un christianisme qui depuis des siècles donnent un sens à l’éthique noble… Pour résister aux déviances d’une société déboussolée, les représentants de la noblesse doivent avoir le courage d’assumer leur qualité, d’être fiers d’eux-mêmes, de ne pas se renier ». (37) . Il appartient donc aux parents de transmettre avec passion et ténacité les valeurs et le patrimoine symbolique dont nous avons longuement parlé en donnant eux-mêmes en priorité l’exemple, en proposant à leurs enfants des lectures appropriées, des visites de monuments historiques, la participation à des conférences historiques, à des messes commémoratives comme celles organisées chaque année au cimetière de Picpus, à de grands rassemblements familiaux ou « cousinades », à des spectacles historiques tels que ceux proposés au Puy du Fou.

L’ANF est évidemment partie prenante à ce genre de manifestations et c’est pourquoi il est essentiel d’adhérer et de faire adhérer à notre association. Pour faire face à la dilution identitaire évoquée plus haut, l’ANF est indispensable, car elle permet de se regrouper, de s’entraider, de développer un esprit de corps et de réagir ainsi efficacement à la délitescence de la société actuelle. Il est scandaleux de constater que l’ANF compte péniblement 6000 membres, alors que le potentiel estimé est de l’ordre 100 000 personnes… Quand on a l’honneur d’appartenir à une famille noble, on a le devoir de s’intéresser à l’histoire des familles qui au fil des siècles ont peu ou prou participé à la constitution de notre cher et vieux pays et par voie de conséquence l’ardente obligation de rejoindre les rangs de l’ANF. Au moment où des universitaires de renom s’intéressent à la persistance de notre identité sociale, nous, les premiers concernés, nous déserterions le terrain, mais ce serait un véritable et scandaleux reniement.

En guise de conclusion, je voudrais revenir sur le pouvoir d’attraction encore exercé de nos jours par la noblesse et sur sa raison d’être. Philippe du Puy de Clinchamps avance pour sa part une explication intéressante : « A la brièveté décevante d’une vie d’homme, la noblesse oppose la longue continuité familiale, une continuité qui paraît défier le temps. Un noble affronte la mort et croit lui échapper en soumettant l’individu qui n’est qu’un passager à une race dont la durée est indéfinie… Cette nostalgie de l’immortalité reste quand même, à notre sens, la raison profonde de son existence » et de son succès pourrait-on ajouter » (38) . Il est vrai que, arrivé à un certain âge, chacun se rend compte qu’une vie est extrêmement brève et qu’il est alors réconfortant de s’insérer dans un lignage à durée indéterminée. De son côté, Karl Ferdinand Werner rend hommage à la noblesse à la fin de son ouvrage déjà cité en ces termes : « C’est pourquoi nous aimerions conclure en exprimant notre admiration à tous ceux dont nous savons qu’ils ont été dignes d’appartenir aux élites par leurs sacrifices, leur goût de servir, leurs talents et leur altruisme. Ils sont dignes d’être les modèles des élites actuelles et futures, car l’excellence à laquelle ils ont tendu restera toujours un idéal de vie. »(39)

J’ai parlé trop longtemps et je vais m’en tenir là, non sans évoquer cependant à propos de la noblesse une boutade inspirée à la fois de Christian de Bartillat et de l’abbé Sieyès : « Elle n’est rien ; elle se croit beaucoup. Elle demeure encore quelque chose » (40) et il ne tient qu’à nous de faire vivre et d’assurer la pérennité de ce quelque chose.

 

Patrick Clarke de Dromantin

 

NOTES

1. Alain Texier, Qu’est-ce que la noblesse ?, Tallandier, Paris, 1989.

2. Monique de Saint Martin, L’espace de la noblesse, Paris, 1993.

3. Éric Mension-Rigau, Aristocrates et grands bourgeois, Education, Traditions, Valeurs, Paris, 1997.

4. François de Coustin, Gens de noblesse aujourd’hui, Paris, 1989.

5. Gérard de Sède, Aujourd’hui, les nobles…, Paris, 1975.

6. François de Négroni, La France noble, Paris, 1974.

7. Bertrand Galimard Flavigny, Noblesse, mode d’emploi, Paris, 1999.

8. Autrement, n° 89 - avril 1987

9. Eric Mension-Rigau, thèse d’habilitation.

10. Philippe du Puy de Clinchamps, La noblesse, Paris, 1996, p. 94. Il s’agit là de la meilleure synthèse jamais publiée sur l’histoire et le droit nobiliaires. Tous ceux qui s’intéressent à ces questions peuvent consulter cet ouvrage avec grand profit. Après quatre éditions parues dans la collection « Que sais-je », la cinquième édition a été publiée en 1996 par L’intermédiaire des chercheurs et curieux.

11. Philippe du Puy de Clinchamps, La noblesse, Paris, 1996, p. 94. Il s’agit là de la meilleure synthèse jamais publiée sur l’histoire et le droit nobiliaires. Tous ceux qui s’intéressent à ces questions peuvent consulter cet ouvrage avec grand profit. Après quatre éditions parues dans la collection « Que sais-je », la cinquième édition a été publiée en 1996 par L’intermédiaire des chercheurs et curieux.

12. Général Jean du Verdier, Les associations de noblesse, Bulletin de l’ANF, n° 252, janvier 2003, p. 7-18.

13. Molière, Don Juan, acte IV, scène 6.

14. Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, tome 1, Paris, 1973, p. 147.

15. Jacques Duclos, Mémoires, cité par Christian de Bartillat, Histoire de la noblesse française de 1789 à nos jours, tome 2, Paris, 1991, p. 396-397.

16. Héric Boux de Casson, Centenaire d’un épisode des expulsions des congrégations, Bulletin trimestriel de l’ANF, n° 259, octobre 2004, p. 29-32.

17. Christian de Bartillat, op. cit., tome 2, p. 365-367.

18. Mémorial 1939-1945. L’engagement des membres de la noblesse et de leurs alliés, Ehret, Paris, 2001.

19. Michel de Saint Pierre, Les Aristocrates, Paris , 1957, p. 246.

20. Christian de Bartillat, op. cit. tome 2, p. 527.

21. Cité par Daniel Mengotti, La noblesse et le catholicisme social dans les campagnes, Association d’entraide de la noblesse française, bulletin spécial, 1992, p. 116.

22. Cyril Grange, Les gens du Bottin Mondain (1903-1987), Paris, 1996, p. 154.

23. L’œuvre des campagnes a été fondée en 1857 par un prêtre, le père Vandel et par une aristocrate, la comtesse Auguste de La Rochejaquelein. Voir à ce sujet l’excellent ouvrage d’Eric Mension-Rigau, Le donjon et le clocher. Nobles et curés de campagne de 1850 à nos jours, Paris, 2003.

24. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, op. cit. p. 508-509.

25. Christian de Nicolay, Aux jours d’autrefois, impr. Floch, 1980, p. 228-230, cité par Monique de Saint Martin.

26. Edmond Burke, Réflexions sur la révolution de France, 1790, Hachette, Paris, 1989, p. 176.

27. Christian de Bartillat, Histoire de la noblesse française, op. cit., tome 2, p. 560.

28. Pierre Bourdieu, Le capital social, notes provisoires, Actes de la recherche en sciences sociales, 31 janvier 1980, p. 2.

29. Monique de Saint Martin, op. cit., p. 26.

30. Vladimir Volkoff, Pourquoi je serais plutôt aristocrate, Paris, 2004, p. 42 et 44.

31. Éric Mension-Rigau, Aristocrates et grands bourgeois, op. cit., p. 487.

32. Nietzsche écrit en effet dans Par delà le bien et le mal, la phrase suivante : « On ne peut effacer de l’âme d’un homme ce qui a été l’occupation favorite la plus constante de ses ancêtres. »

33. Un jeune journaliste diplômé de sciences politiques ne comprend plus actuellement le terme de « ci-devant » et quand son interlocuteur s’étonne de cette carence, il lui répond avec une candeur désarmante « qu’il n’était pas né au XVIIIe siècle… »

34. Cité par Cyril Grange, op. cit., p. 386.

35. À propos du duc de Brissac, Gérard de Sède rapporte dans son ouvrage précité une anecdote savoureuse intervenue entre le duc et Philippe Bouvard, alors jeune premier à la télévision. Alors que ce dernier interrogeait le duc avec désinvolture pour lui demander comment il fallait l’appeler, celui-ci répondit vertement : « Monsieur, on ne m’appelle pas et je n’aime pas qu’on m’appelle. Mais quand on s’adresse à moi, on dit :Monsieur le duc et quand on parle de moi, on dit : Monsieur le duc de Brissac ». Le titre de duc est effectivement le seul qui doit être utilisé par tout un chacun lorsqu’il s’adresse à une telle personnalité. C’est pourquoi, il est assez consternant d’entendre un professeur d’université donner du « Monsieur le comte » en s’adressant à un représentant éminent de l’aristocratie française. Il doit confondre avec les titres universitaires de monsieur le président ou monsieur le recteur…

36. Éric Mension-Rigau, Aristocrates et grands bourgeois, op. cit., p. 491.

37. Général Jean du Verdier, conférence « L’avenir de la noblesse » du 5 juillet 2010. Il ne faut pas se tromper sur le qualificatif de « fier » qu’il faut prendre au sens littéraire du terme c’est-à-dire celui qui a un vif sentiment de sa dignité, de son honneur, qui a des sentiments élevés, nobles. En un mot, tout le contraire de l’arrogance.

38. Philippe du Puy de Clinchamps, La noblesse, op. cit., p. 108-109.

39. Karl Ferdinand Werner, Naissance de la noblesse, op. cit., p. 513.

40. Christian de Bartillat, Histoire de la noblesse française, op. cit., tome 1, p. 25