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Madame Figaro : "Delphine de Canecaude : «Mon poste est un dream job : concevoir des musées dans le monde entier»"
INTERVIEW - La CEO de Chargeurs Museum Studio, qui vient d’acquérir le grand palais immersif, pilote la création de musées dans le monde entier.
Delphine de Canecaude, CEO de Chargeurs Museum Studio. Lea Crespi
Madame Figaro. - Une heure de réveil ?
Delphine de Canecaude. - 7 heures. C’est raisonnable vu tout ce que j’ai à faire.
Si l’on remonte aux origines ?
Un milieu bourgeois, mais sans carcan. Des parents qui n’avaient pas peur quand je disais que je voulais exercer un métier créatif. Ma mère, devenue entrepreneure à 40 ans, a marqué mon enfance : j’étais très impressionnée par cette working mum.
Le pitch de votre poste ?
C’est un dream job : concevoir des musées dans le monde entier, de A à Z ou juste sur un bout de la chaîne, en agrégeant les meilleurs talents. Le Titanic Belfast, le Musée de la NASA ou de la Maison-Blanche… Au moment du lancement, du prototype, je suis là et mets la main à tout – le modèle financier, le plan média, la connexion des équipes… C’est plus facile pour moi de piloter le projet ensuite !
Des résultats à donner ?
Nous sommes aujourd’hui 400 personnes réparties dans six pays, avec une croissance de 30 % par an.
Une étape qui a tout déclenché ?
En 1998, étudiante aux Beaux-Arts, j’ai passé un concours qui consistait à imaginer un musée du cinéma à Angoulême. Pour répondre à l’appel d’offres public, j’ai créé une structure juridique, Étoile Rouge, qui est ensuite devenue mon entreprise, une agence de communication avec mes premiers clients dans la mode, la beauté, le luxe.
Un mentor ?
Beaucoup de gens m’ont aidée, mais quand Mercedes Erra et Rémi Babinet (les fondateurs de BETC, NDLR) ont racheté mon entreprise dix-sept ans plus tard, c’était autre chose. J’étais heureuse d’entrer dans une nouvelle maison, d’avoir un boss qui me challenge.
Vos accélérateurs de parcours ?
La culture BETC, cette exigence de faire des choses que l’on n’a pas vues ni ailleurs ni avant. Je me suis «amplifiée» par l’apprentissage, au contact de gens très bons stratèges et très bons créatifs, habités par une identité et une méthodologie fortes. C’est une brique essentielle de mon parcours : sans cette étape, je ne serais pas là où je suis.
Des obstacles sur la route ?
Quand j’essayais d’imaginer ce que pourrait être ma vie d’après, c‘était compliqué. J’ai toujours renvoyé une image de mouton à cinq pattes. Pour les grandes maisons, j’avais un profil trop éclectique. J’étais surprise : je croyais que le côté win se jouait sur la différence.
Qui vous a fait confiance ?
Michaël Fribourg, qui dirige Chargeurs (leader du textile industriel, le groupe s’est diversifié dans les services d’ingénierie et de production culturelles, NDLR). Un groupe très international, alors que je ne le suis pas. Il a vu mon mode de fonctionnement, c’est un talent de savoir capter l’autre. Il m’a recrutée après avoir vu une vidéo de moi que je cache ! (Rires.)
Un défi pour demain ?
Créer de nouveaux flux de revenus par l’édition : via notre maison d’édition Skira – spécialisée dans les livres d’art –, les boutiques de musée, l’exportation d’expositions dans le monde…
Que voudriez-vous transmettre ?
Le côté tribu et toujours joyeux, même si l’on travaille beaucoup.
En mode déconnectée ?
Il y a quinze ans, un fameux homéopathe parisien m’a reçue, écoutée et a conclu : «Vous avez dit sept fois le mot “gérer” en deux minutes, voici les coordonnées de Lindsey Syred.» Elle me donne des cours de restorative yoga et me masse tous les jeudis soir. Sans elle, je ne peux pas faire ce que je fais.
Votre définition de l’influence ?
Faire penser à l’autre qu’il a trouvé l’idée qu’on lui a soufflée ?
Une évasion ?
La Corse – à Porto Pollo, près de Sartène – est le point d’ancrage de ma vie.
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Par Lisa Vignoli