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Ouest France : "« Ce sera redécouvert dans 150 ans » : son œuvre méconnue est au sommet de Notre-Dame-de-Paris"
Le peintre héraldique Hyacinthe de Keranrouë, installé à Morlaix (Finistère), a réalisé une œuvre invisible, qui trône au sommet de Notre-Dame-de-Paris : un procès-verbal. Il explique de quoi il s’agit et raconte cette expérience inédite.
Hyacinthe de Keranrouë est peintre héraldique et il a peint le procès-verbal qui est dans le coq de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cette œuvre permet d’attester de la présence de reliques dans le coq. Ici dans son atelier à Morlaix (Finistère). | KÉVIN GUYOT / OUEST-FRANCE
« J’ai participé à quelque chose qui est caché et qui sera redécouvert dans 150 ans peut-être », glisse Hyacinthe de Keranrouë, peintre héraldique installé à Morlaix (Finistère).
En décembre 2023, il a réalisé une œuvre de « 14 cm sur 30 cm », installée dans le coq qui trône au sommet de Notre-Dame-de- Paris, à 96 mètres de haut. Cette peinture est un procès verbal, qui atteste de la présence de reliques Saint-Denis, Sainte-Geneviève et d’une parcelle de la sainte couronne d’épine de Jésus-Christ dans le coq.
Il a travaillé sur cette peinture taille XXS avec une calligraphe bretonne, Nathalie Thomas. C’est elle qui a rédigé le texte de l’œuvre, tandis que le peintre a représenté Sainte-Geneviève, Saint-Denis, la couronne du Christ et les armoiries de l’archevêque de Paris. La dernière fois qu’un travail de la sorte avait été réalisé, c’était en 1935, lorsque le coq avait été descendu.
« C’est plus grand que nous »
Hyacinthe de Keranrouë, originaire des Côtes-d’Armor, a été restaurateur de tableaux pendant des années à Paris, après des études à Brest. Il a commencé la peinture héraldique « dans les années 1980 ». Cet art consiste à peindre les blasons des plus grands, comme celles de familles royales.
En tant que restaurateur de tableau, « j’ai appris la finesse des couleurs et dans la peinture héraldique, je fais un gros travail dessus », détaille-t-il.
Pour la robe de Sainte-Geneviève, qui apparaît sur le procès-verbal, l’artiste a voulu un « bleu gris, de la couleur du chat d’une amie, un Chartreux ». Il a fait des recherches. « C’est une couleur qui viendrait d’Espagne, mais on en a perdu l’origine exacte. »
En général, lorsqu’il peint, « les couleurs s’imposent dans une certaine logique. Par exemple, du rouge pour les martyrs. »
Pour les armoiries de l’archevêque de Paris, « j’ai fait un dessin beaucoup plus grand. Ma maquette était de 15,5 cm, et je l’ai réduite à 4,5 cm de haut. C’était une demande particulièrement petite », pointe-t-il.
Entre la commande et la livraison de l’œuvre, qu’il a réalisé en deux exemplaires, l’un dans le coq et l’autre exposé avec le trésor de la cathédrale, « j’ai eu 8 jours ».
« Notre-Dame a un trésor extraordinaire, mon petit bout de papier, personne ne le verra, je pense. »
Le peintre sera présent à Paris le 11 décembre à l’occasion d’une célébration pour la réouverture de l’édifice au public. « C’est une émotion indicible, d’avoir participé à ce chantier. On s’inscrit dans quelque chose qui sera millénaire. »
Avec Nathalie Thomas, la calligraphe, ils n’ont pas signé le procès- verbal. « C’est plus grand que nous. Quand on pense à tous les gens qui ont travaillé sur Notre-Dame, à travers les âges, notre nom n’a pas d’importance. Ce qui importe, c’est de mettre le meilleur de ce qu’on sait faire. »
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Par Sarah Humbert
Publié le 8 décembre 2024