TF1 info : "Edouard de Broglie, fondateur de l’entreprise "Dans le noir" : "Les personnes handicapées créent de la valeur""

En 2004, Edouard de Broglie lance le premier restaurant "Dans le noir" à Paris. Le concept : dîner dans l’obscurité avec des inconnus et servi par des non-voyants. 20 ans après, le groupe compte une quinzaine de restaurants sur les cinq continents (Bruxelles, Barcelone, Madrid, Londres, Auckland…) et a déjà enregistré plus de trois millions de visites.

L’entrepreneur et chercheur développe l’évolution de la marque "Dans le noir" dans le podcast de celles et ceux qui ont un impact positif sur la société et sur le monde, à écouter ci-dessus. L’émission est diffusée tous les samedis après-midi sur LCI, canal 26 de la TNT . "Nous avons monté la marque sans aide et sans subvention. J’ai fait treize banques pour financer le projet, je me suis fait jeter de partout." Désormais, plus d’une centaine de salariés travaillent dans les boutiques de la marque : "Nous étions les pionniers de l’inclusion à l’époque. Chez nous, les personnes handicapées créent de la valeur. C’est une sorte de contre modèle pour que les gens se posent des questions sur l’inclusion."

L’expérience sensorielle plaît et l’équipe décide d’explorer le domaine du touché et de l’odorat : "Les participants se sentent protégés par l’obscurité, guidés et servis par des personnes non-voyantes. Dans les spas, les clients se font masser dans le noir et nous organisons également des ateliers autour du parfum. Je me réjouis que des personnes handicapées apprennent des choses aux clients."

Après un an de recherche, la marque "Dans le noir" sort une eau de parfum de nuit. Ultra-sensuelle, cette création parfumée utilise les graines de longoza. Séchées au soleil et distillées, les graines de ce fruit de la côte est de Madagascar apportent aux notes de tête de la fragrance une facette camphrée que la cardamome relève. La marque a immergé les équipes de Suzy Le Helley, parfumeuse chez Symrise et créatrice du parfum, dans le noir pour développer le produit. Tiffany Kendziolka, consultante experte pour "Dans le Noir" et animatrice des ateliers olfactifs explique la démarche : "Tout s’est fait dans le noir absolu. Au moment de la phase de conception, nous avons briefé le parfumeur dans le noir sur nos volontés. Nous lui avons fait toucher des matières, sentir des odeurs et goûter des choses. Il avait la liberté de créer, mais en dehors de tout aspect visuel pour nous amener à un parfum hyper sensoriel." Pour l’experte, nous devons nous imprégner du parfum différemment : "Les gens ont besoin de vivre le parfum de manière plus intime, se reconcentrer sur l’essentiel, partager et échanger autour de ce qu’ils perçoivent."

Les entreprises sont-elles prêtes à recruter des personnes handicapées ? Edouard de Broglie reste optimiste et note des progrès : "Peu d’entreprises respectent les 6 % de personnes handicapées dans leurs effectifs imposés par la loi. Mais il y a du progrès ces vingt dernières années, les entreprises s’intéressent au sujet et aux différents handicaps. Les entreprises ne trouvent pas toujours des personnes handicapées qualifiées aux postes recherchées." Pour lui, la formation reste le principal point noir. Peu de personnes handicapées font des études supérieures et peu d’écoles ou universités s’adaptent pour les accueillir.

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Par Geoffrey Lopes

Publié le 18 novembre 2024