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Vitisphere : ""Il a fallu réimprimer en urgence les étiquettes", l'étiquetage des ingrédients et calories s'impose pour le millésime 2024"

12 novembre 2024 Revue de presse
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L’étiquetage des ingrédients et calories s’impose sur le millésime 2024. Des vignerons témoignent de la solution qu’ils ont ou vont adopter.

François de L'Espinay, Château de Nitray, Athée-sur-Cher, Indre-et-Loire. Pour indiquer les calories et les ingrédients « Je penche pour la liste. Je n’ai pas grand-chose à indiquer : le raisin, des enzymes de débourbage dans certains cas et les sulfites. Et cela montre aussitôt qu’on a des vins sans additifs », remarque-t-il. - crédit photo : DR

Coup de stress chez Ampelidae cet automne avant d’embouteiller le primeur 2024. « On s’est aperçu qu’on avait oublié la mention “ingrédients et valeur nutritionnelle” au-dessus du QR-code qui renvoie vers ces informations ! On n’avait pas vu passer cette obligation. Il a fallu réimprimer en urgence les étiquettes », rapporte Gilles de Bollardière, le directeur technique de ce domaine de 110 ha, à Jaunay-Marigny, dans la Vienne. En flashant ce QR-code, le consommateur verra s’afficher la photo de la bouteille, la liste des ingrédients et des additifs et la valeur calorique du vin.

Un QR code qui en remplace un autre

Dans la Drôme, Matthieu Rozel n’a pas autant pris les devants. Le gérant du Domaine Rozel, 45 ha à Valaurie, avoue avoir profité du report d’un an de la réglementation pour « gonfler un peu la commande d’étiquettes ». Comme il est autorisé à utiliser son stock jusqu’à épuisement, cela lui donne du temps pour discuter des ultimes détails de l’étiquetage nutritionnel avec son imprimeur. Les choses sont quasiment calées : « Comme nos étiquettes bandeau comportent déjà un QR-code qui renvoie à notre site, je pense tout simplement le remplacer par le QR-code réglementaire. »

 

Dans le Beaujolais, Arnaud Briday a choisi cette même solution sur les étiquettes de ses primeurs, également à bandeau. « Nous avons placé le QR-code dans la bande verticale qui est sur un des côtés de l’étiquette », explique le gérant du Domaine des Chers, 11,5 ha à Juliénas. Ses beaujolais primeurs 2024 sont déjà habillés ainsi. Pour ses cuvées parcellaires, en revanche, il va s’y prendre différemment : « Je veux laisser le visuel intact car les étiquettes de ces cuvées sont illustrées par des artistes. Le QR-code se trouvera donc sur une contre-étiquette que j’imprimerai avec mon imprimante. Comme je les fais moi-même, je pourrai les adapter facilement à d’autres formats, comme les magnums. »

 

Arnaud Briday a la chance de bien maîtriser l’informatique. Il s’est organisé avec le développeur de son site internet : « Je vais créer des fiches mentionnant la valeur calorique de mes cuvées et la liste de leurs additifs et ingrédients, avec les URL et QR-codes associés. Ces fiches seront hébergées sur mon site, en pages cachées. » Le vigneron a déjà effectué ce travail pour ses beaujolais primeurs. « C’est gratuit alors qu’Inter Beaujolais me prendrait aux alentours de 150 € par an pour s’en charger », remarque-t-il.

Le temps de la réflexion

Ingénieur informatique dans une précédente vie, François de L’Espinay souhaite aussi se débrouiller sans l’aide d’un prestataire. Toutefois, ce vigneron, gérant du Château de Nitray, 11 ha à Athée-sur-Cher dans le Val de Loire, réfléchit encore à la meilleure solution pour s’adresser à ses consommateurs : le QR-code ou la liste sur l’étiquette ? « Je penche pour la liste. Je n’ai pas grand-chose à indiquer : le raisin, des enzymes de débourbage dans certains cas et les sulfites. Et cela montre aussitôt qu’on a des vins sans additifs », remarque-t-il.

 

Pour son beaujolais primeur, Arnaud Briday a, quant à lui, déjà mis en ligne les informations nutritionnelles : « raisins, acide métatartrique, sulfites et la valeur calorique renseignée par l’analyse ». De son point de vue, cette liste montre que son vin ne contient aucun ingrédient qu’un consommateur pourrait trouver suspect.

 

Lucas Pauvif est moins confiant. « Cette année, j’ai été obligé de chaptaliser. Et nous employons souvent de la gomme arabique et de l’acide métatartrique. Le terme acide peut être mal reçu », craint le gérant de Maison Pauvif, 42 ha à Teuillac, en Côtes de Bourg. Aussi, envisage-t-il à l’avenir de stabiliser ses vins au froid. Mais il attend de voir la réaction des consommateurs pour trancher.

Les interlocuteurs historiques privilégiés

Toujours par prudence, il a opté pour le QR-code, plutôt que pour l’inscription d’une liste sur les étiquettes : « Mieux vaut ne pas mettre la composition d’un vin sous le nez du consommateur. » Pour la mise en œuvre de la nouvelle obligation, il s’en remettra à la Fédération des grands vins de Bordeaux : « Je ne souhaite pas ajouter un énième interlocuteur, on en a déjà assez. De plus, je crois que cette prestation est prévue sans surcoût dans ma cotisation. »

 

Matthieu Rozel s’en remet lui aussi à un interlocuteur historique, en confiant à Isavigne, avec qui il travaille depuis vingt-cinq ans, sa mise en conformité. La manipulation lui a paru simple et rassurante. « J’ai tout de même une douzaine de cuvées et plusieurs mises au cours de l’année. Ce sera autant de listes et de QR-codes à générer », réalise-t-il. Alors, autant ne pas s’encombrer d’un nouveau prestataire.

« Un stress dont on n’avait pas besoin »

« On avait le privilège d’échapper à l’obligation de mentionner les ingrédients. Là, on va se mettre à nu. Est-ce un problème ? Je n’en suis pas sûr car, au moins, il n’y aura plus de débat sur ce que le vin peut contenir », tranche Gilles de Bollardière, directeur technique d’Ampelidae, dans le Val de Loire. Pour Matthieu Rozel, gérant du Domaine Rozel, dans la Drôme, le sujet captera peu les consommateurs : « Notre approche environnementale dans les vignes, ça les intéresse. Mais pas de savoir s’il y a 2 % de ci ou de ça dans le vin. Ils savent que ce qui est dangereux, c’est l’alcool. » Mais une chose tracasse Gilles de Bollardière. « On ignore quel sera le degré de tolérance en cas d’écart par rapport à la déclaration nutritionnelle. Faudra-t-il faire une analyse du degré d’alcool et de la richesse en sucres à chaque mise ? Si c’est le cas, ça revient cher ! » François de L’Espinay, gérant du Château de Nitray, dans le Val de Loire, avoue aussi craindre « la sanction de la DGCCRF, en cas d’erreur de bonne foi sur le calcul des calories. C’est un stress dont on n’avait pas besoin ».

 

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Par Hélène de Montaignac

Publié le 12 novembre 2024