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Libération : "Petite révolution Au Royaume-Uni, la noblesse sur le point de perdre ses sièges héréditaires à la Chambre des Lords"
Le gouvernement de Keir Starmer souhaite réformer la chambre haute du Parlement britannique en supprimant les 92 derniers sièges - sur un total d’environ 800 - qui se transmettent entre nobles de père et en fils. Un vote sur le sujet a lieu ce mercredi 11 décembre.
La chambre des Lords, le 17 juillet 2024. (Aaron Chown/AFP)
Vers la fin d’un système d’un autre temps outre-Manche. Après un premier vote en ce sens à la Chambre des Communes, celle des Lords doit se prononcer ce mercredi 11 décembre sur une réforme historique : la suppression des 92 derniers sièges (sur un total d’environ 800) reçus par héritage. Ces « pairs héréditaires » ne doivent leur statut qu’à leur titre de noblesse hérité de leur père, et peuvent faire adopter des lois pour tout un pays, seulement en raison de leur ascendance.
Les Lords, qui composent la chambre haute - équivalent du Sénat en France - chargée d’examiner les projets de loi, sont pour la plupart nommés à vie par des Premiers ministres sortants, en récompense de leur loyauté. Archevêques et évêques de l’Eglise d’Angleterre comptent également parmi les membres de cette assemblée.
Le parti travailliste n’a jamais caché son intention de la réformer. En 1999 déjà, sous le gouvernement de Tony Blair, un projet de loi prévoyait de supprimer la totalité des plus de 600 sièges réservés à ces caciques héréditaires. Mais la suite d’un compromis, 92 d’entre eux avaient été épargnés. En juillet 2024, après son arrivée au retour à la suite de quatorze ans de règne conservateur, le Premier ministre Keir Starmer est revenu à la charge avec l’intention d’abolir intégralement ce système. Le 13 novembre, un projet de loi a été largement été adopté à la Chambres des Communes, la chambre basse, avec une majorité de 435 votes contre 73.
Une opposition véhémente pourrait se faire entendre. Selon la BBC, de nombreux conservateurs sont notamment opposés à cette réforme, le député Alex Burghart affirmant par exemple que le gouvernement « cherchait à supprimer les membres en place afin de les remplacer par des personnes nommées par le parti travailliste ».
D’autres députés ont néanmoins appelé le gouvernement à aller encore plus loin, comme le député Sir Gavin Williamson, qui a soutenu l’idée de supprimer les sièges réservés aux évêques de l’Eglise d’Angleterre, jugeant « fondamentalement injuste » qu’un groupe de religieux « ait un droit et un mot à dire sur notre législation », explique encore la BBC. Par ailleurs, de nombreux pairs sont critiqués pour leur manque d’assiduité. Ceux qui siègent effectivement peuvent recevoir une allocation quotidienne de 361 livres (435 euros), ainsi que des indemnisations de déplacement.
« En décalage avec la Grande-Bretagne moderne »
n nombre de membres, la Chambre des Lords est « la deuxième assemblée législative dans le monde après le Congrès national du peuple en Chine », souligne l’organisation Electoral Reform Society, appelant à une réforme plus large pour la remplacer par « une plus petite chambre, qui soit élue ».
Après le vote à la Chambre des communes, le projet de loi retournera - avec d’éventuels amendements - à celle des Communes, pour une deuxième lecture et de nouveaux débats.
Le Royaume-Uni fait figure d’anomalie avec ces parlementaires aux titres de ducs, comtes, vicomtes et barons : le Lesotho est, selon le gouvernement britannique, le seul autre pays du monde où existe un système comparable. C’est « en décalage avec la Grande-Bretagne moderne », commentait le ministre Nick Thomas-Symonds en septembre en présentant la législation qui veut mettre un terme à cette tradition.
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Par Coppélia Piccolo et AFP
Publié le 11 décembre 2024