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Aleteia : "Sous ses doigts d’artiste, Camille de Dumast fait jaillir la vie"

18 décembre 2024 Revue de presse
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Artiste peintre-sculpteur, Camille de Dumast a vécu un long chemin semé d'embûches avant de renouer avec la création. Mariée et mère de six enfants, elle aime donner à contempler la beauté du quotidien. Rencontre avec une femme vivante et passionnée.

Camille de Dumast.. © Eugénie de Cenival

Bretonne de cœur, Camille de Dumast s’emploie, par ses créations, à faire jaillir la vie. Elle expose son travail régulièrement en région parisienne et en France, notamment à Carnac ou en Gironde. Elle fait partie du collectif d’artistes : l’Ensemble Angelico, à l’origine de l’exposition "De Profundis – Vers l'Espérance", une exposition collective sur les Psaumes qui vient de se tenir à Boulogne-Billancourt.

Aleteia : Comment êtes-vous devenue une artiste ?

Camille de Dumast : Par les embûches de la vie ! À la naissance de notre sixième enfant, j'ai fait une grosse dépression. Je vivais ma vie de famille comme une routine, je ne faisais pas les bonnes choses pour me ressourcer, et je me suis écroulée. J'ai eu la chance d'avoir une psy qui m'a dit : « Faites quelque chose que vous aimez ! » Je rêvais depuis toujours de faire de la sculpture, et je me suis lancée. Ça me faisait du bien, ça me nourrissait… Dans l'atelier où j'allais, j'ai découvert que j'étais douée, car, aux dires des autres, ma sculpture était « vivante ». Je dis ça en étant bien consciente qu'il s'agit d'un don qui m'a été fait !

Aleteia : À cette époque, vous avez fait une traversée de l'Atlantique à la voile, pourquoi ?

Camille de Dumast : J'ai eu envie de changer de vie pendant quelque temps. Je trouvais la vie familiale lourde à porter, emprisonnante, sans issue… C'était la première fois que j'osais partir trois semaines, en laissant les six enfants à mon mari ! Trois semaines de liberté, ça ne m'était jamais arrivée ! Là, j'ai découvert que, avant d'être sportive, l'aventure était d'abord humaine et que la vie en équipage n'était pas forcément mieux que la famille. Cette expérience m'a apaisée, et aujourd'hui je rêve un peu moins ma vie ! Le bateau m'a aussi appris que la véritable aventure, c'est ce que j'ai à vivre ici et maintenant. Cette traversée de l'Atlantique m'a enfin appris à oser avancer, à m'autoriser l'échec et à me libérer du regard des autres.

Aleteia : Aujourd'hui vous êtes une artiste et une mère de famille, comment conciliez-vous les deux ?

Camille de Dumast : Sans cette vie familiale si chargée – nos enfants ont entre 9 et 23 ans - je ne me serais jamais écroulée, et je n'aurais jamais remis le système en question. Donc ma famille est d'abord un cadeau. Ensuite je me suis rendu compte qu'en dehors de la mère, il y a la femme, l'artiste qui a besoin d'être nourrie. Nourrir l'artiste – lui laisser du temps pour s'exprimer, choisir d'en faire son métier - fait tenir debout la mère de famille et en retour la vie de famille la nourrit. C'est mon terrain de jeux ! J'aime les liens entre les gens, ce qui se passe entre eux, les attitudes, le mouvement…

© Eugénie de Cenival

Aleteia : Que voulez-vous transmettre à travers votre art ?

Camille de Dumast : Comme artiste, je souhaite montrer les beaux moments de la vie, la joie dans une famille, la relation, l'amour, la tendresse… J’ai écrit sur mon site : « Mesurer chaque jour la chance que nous avons de vivre avec un esprit souriant, un regard aimant et un corps à aimer ». Et en même temps, la vie ce n'est pas toujours comme ça. Alors en ce moment je cherche à montrer les côtés moins beaux du quotidien, et qui demandent réparation. J'ai ainsi commencé à créer un couple qui n'est pas en accord, ou des personnes fracturées par la vie. Je cherche comment exprimer cette dimension, je suis en pleine exploration…

Aleteia : Vous travaillez beaucoup sur le couple ?

Camille de Dumast : Oui ! Par exemple l'œuvre « Viva la Dancia » où l'on voit un homme et une femme qui se tiennent par la main et dansent ensemble. La danse exprime tant de choses sur le couple. Les jeux de regard, du corps, la tendresse qui passe entre eux, leurs attitudes qui évoquent la fierté, le sentiment d'être à sa juste place. 

Dans cette sculpture, l'homme et la femme donnent l'impression qu'ils vont esquisser un pas de danse sous nos yeux ! De même lorsque je sculpte une maman qui câline son bébé, la matière inerte, lourde devient vivante. Oui, j'aime faire jaillir la vie. D'ailleurs, je suis très intriguée par le texte de la Genèse, avec ce Dieu qui donne son souffle de vie à la terre glaise…

© Eugénie de Cenival

Aleteia : « La beauté sauvera le monde » : que pensez-vous de cette phrase de Dostoïevsky ?

Camille de Dumast : Je suis partagée. Par mon métier, j'ai découvert que tous les goûts sont dans la nature, une sculpture peut très bien plaire à l'un et déplaire à l'autre. (Silence) Pour parler de l'art, j'utiliserais plutôt cette prière : « Seigneur, fais de moi un instrument, fais qu'à travers mes œuvres il se passe quelque chose pour ceux qui les regardent… » Pour moi, l'artiste est un médiateur, un instrument dans les mains de Dieu, qui espère que son art porte du fruit. Par exemple, lors d'une exposition, une dame est venue me voir et m'a dit : « En regardant vos œuvres, j'ai été consolée. »

Aleteia : Et l'inspiration, d'où vient-elle ?

Camille de Dumast : En sculptant, j'ai l'impression que quelque chose jaillit dans mes mains, mais sans savoir d'où cela vient ! En revanche, je sais comment je me nourris, car je suis une artiste chrétienne. C'est dans la relation à Dieu que je trouve l'inspiration. Et aujourd'hui, ce qui n'était pas le cas avant, tout mon travail est nourri de ma vie chrétienne. Je pense à mes sculptures de couples : même si cela ne se voit pas qu'ils sont mariés à l'église, ce sont des « couples durables » !

Aleteia : En ce moment vous participez à une exposition avec d'autres artistes sur les Psaumes, pouvez-vous nous en parler ?

Camille de Dumast : Je fais partie de la fraternité d'artistes chrétiens Angelico, un lieu où nous échangeons autour de notre foi. Pour l'exposition « De profundis - Vers l'Espérance », nous avons travaillé autour des psaumes que nous avons lus, et relus ensemble. J'ai commencé par travailler sur le Psaume 29 « Tu as changé mon deuil en une danse » avec une œuvre intitulée « Louange éternelle ». J'ai tellement rencontré des gens qui remercient pour ce qui leur arrive que je voulais inviter à vivre cette réalité dans nos vies. Et puis j'ai plongé au cœur des ténèbres, là où nous nous enfermons en nous-mêmes et nous coupons de Dieu, mais où nous pouvons aussi Lui ouvrir nos cœurs…

© Eugénie de Cenival

Aleteia : À l'approche de Noël, qu'aimeriez vous dire aux lecteurs ?

Camille de Dumast : Dans nos ténèbres, Dieu nous propose une Espérance. Au cours de notre exposition et de notre travail, nous avons été touchés par le fait que, dans les Psaumes, Dieu lui-même rejoint l'homme. C'est tout le mystère de Noël : Dieu vient au cœur de nos vies, et dans nos ténèbres, Il est là aussi… 

 

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Par Marie Lucas
Publié le 18 décembre 2024