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Ouest France : "Georges de Keréver, l’arrière-grand-père du préfet des Côtes-d’Armor, a photographié Saint-Brieuc"

23 novembre 2024 Revue de presse
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Georges de Keréver, aïeul du nouveau préfet, a photographié la Bretagne d’avant la Première Guerre mondiale. Un fonds d’une grande richesse acquis par la ville de Saint-Brieuc, en 1992

Georges de Keréver était un habitué des courses de chevaux. Ici, sur la grève des Courses, à Saint-Brieuc, au début du XXe siècle. | FONDS GEORGES DE KERÉVER

Qui est donc Georges de Keréver, né à Château-Bily, à Ploufragan ? Qui est cet homme qui a vécu dans une belle demeure de la rue des Capucins, à Saint-Brieuc, connue d’ailleurs sous le nom d’hôtel de Keréver ? Dans le journal municipal de la ville préfecture, Le Griffon, en 2009, il est décrit comme un « gentleman farmer passionné de photographie » à l’occasion de l’exposition proposée au musée. Une centaine de photos ont été mises en lumière pour montrer au public la richesse du fonds photographique Georges de Keréver, constitué de 1 200 plaques de verre.

« Un instantané de la vie locale »

« La ville de Saint-Brieuc a acquis, en 1992, cette collection pour le prix de 30 000 francs, fait savoir Nicolas Poulain, chargé des collections au musée de Saint-Brieuc. Ce n’est pas une somme négligeable. » Son héritage est une forme de fresque sociale d’avant la Première Guerre mondiale. « C’est une période où on a peu d’iconographie, contextualise Nicolas Poulain, en comparant aux autres fonds en réserve. C’est un instantané de la vie locale. » Les fermiers trégorrois, les promenades en Bretagne, les scènes


de la vie quotidienne, les fêtes religieuses, les mariages huppés, les paysages, les sabotiers, les courses hippiques… Le photographe ne se cantonne pas aux événements de sa vie familiale. Il fige aussi ses voyages en Italie et en Angleterre.


Georges de Keréver, propriétaire foncier de plusieurs fermes entre Morlaix (berceau de la famille Guillotou de Keréver) et Saint-Brieuc, est un notable qui pratique la photographie en amateur éclairé. « Avec exigence, souligne Nicolas Poulain. C’est un connaisseur. Il maîtrise un savoir-faire technique et utilise deux ou trois appareils. Les plaques de verre sont de qualité. »


Son appareil photo toujours à portée de main entre 1904 et 1914, Georges de Keréver immortalise le monde dans lequel il vit. Il s’intéresse aux gens, pose son regard, capture l’instant, prend sur le vif. Il a le sens du cadrage Georges de Keréver, aïeul du nouveau préfet, a photographié la Bretagne d’avant la Première Guerre mondiale. Un fonds d’une grande richesse acquis par la ville de Saint-Brieuc, en 1992.

L’arrière-grand-père du préfet, photographe éclairé

La composition est maîtrisée. On pourrait parler de reportage. Ses photos forment un tableau de la société du début du XXe siècle. À la cinquantaine, Georges de Keréver, qui a été président de la Société des courses de Saint-Brieuc et de nombreux autres organismes, a délaissé l’art de la photo.

« Un regard doux et bienveillant »

« C’est un fonds documenté », appuie Nicolas Poulain. Derrière, se révèle « l’histoire des costumes, des pratiques professionnelles, des traditions locales ». Toutes les photos, aujourd’hui versées au domaine public, ont été numérisées et sont consultables en ligne depuis 2021. Ce qui en facilite l’accès.


Et dire que ces plaques de verre avaient été oubliées dans une caisse dans le coin d’un grenier. C’est son petit-fils, qui porte le même nom (et donc père du nouveau préfet), qui a levé le voile sur ce trésor, avant de le céder à la ville de Saint-Brieuc pour le conserver. La Bretagne d’autrefois, sous le sceau de Georges de Keréver, reste d’actualité. « On a des sollicitations régulières, notamment pour le milieu scolaire », avance Nicolas Poulain.


Des artistes exploitent aussi ces ressources, comme, très récemment, la photographe briochine Marynn Gallerne, « fascinée » par son travail et « son regard doux et bienveillant sur les gens, la haute société comme les paysans ». L’artiste a repris « plusieurs centaines d’images, posées sur un mur à la Villa Rohannec’h, à Saint-Brieuc ». Le résultat était visible lors des dernières Journées du patrimoine. Plus d’un siècle après, l’oeuvre de Georges de Keréver est vivante.

Le double ancrage de François de Keréver dans les Côtes-d’Armor

François de Keréver est le nouveau préfet des Côtes-d’Armor. Ici, pris en photo dans son bureau, à Saint-Brieuc. | OUEST-FRANCE

Depuis sa prise de fonction, le 11 novembre, le préfet François de Keréver se familiarise avec les Côtes d’Armor. Né dans l’Orne, l’ancien conseiller Outre-mer d’Emmanuel Macron, âgé de 50 ans, a passé son enfance entre Paris et Saint-Brieuc. Rencontre avec les agriculteurs, accompagnement de bénévoles de la Croix-Rouge lors d’une maraude… Le haut fonctionnaire a un emploi du temps chargé.
En étant nommé à Saint-Brieuc, le préfet renoue doublement avec son histoire familiale.


D’abord par sa branche paternelle, mais aussi par son côté maternel. Car il est le petit-fils de Jacques Pâris de Bollardière, né en 1907 à Châteaubriant (Loire-Atlantique) et décédé en 1986, à Guidel (Morbihan). Après avoir pris position en 1957 contre la torture pendant la guerre d’Algérie, le général fut ensuite un infatigable militant de la nonviolence.

« Une famille originaire du Finistère »

L’histoire retient aussi qu’il fut le soldat le plus décoré de la France libre. Il était « un vaillant résistant », témoignait, en 2022, Armelle Bothorel, une de ses cinq filles. L’ancienne maire socialiste de La Méaugon, entre 2001 et 2020, est sa tante. Celle qui n’est plus en fonction aujourd’hui a aussi été la présidente de l’agglomération de Saint-Brieuc, de 2012 à 2014, et à la tête de l’Association des maires de France des Côtes-d’Armor. Contacté, le préfet reste discret sur ses attaches familiales dans le territoire. « La famille de Keréver est une famille originaire du Finistère, dont plusieurs membres ont effectivement vécu dans les Côtes-d’Armor », indique sobrement la préfecture.


Y a-t-il une incompatibilité à être nommé dans un département où des liens existent ? Non, répond le ministère de l’Intérieur, en faisant valoir le décret du 6 avril 2022 relatif aux emplois de préfet et de sous-préfet, « qui prévoit explicitement certaines incompatibilités ».


En substance, un préfet ou sous-préfet ne peut pas servir dans le département, ni dans la région rattachée, durant les deux années après la fin de ses fonctions. Et les personnes ayant travaillé auprès d’une collectivité territoriale, d’une région, ou autre groupement public, ne peuvent pas occuper un emploi de préfet ou de sous-préfet dans ce même département ou région, également dans un délai de deux ans.

 

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Par Soizic Quéro

Publié le 23 novembre 2024