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Sud Ouest : "Ce Bordelais raconte l'histoire de la Gironde à travers les blasons qui ornent les vitraux des églises"

24 novembre 2024 Revue de presse
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François-Remi Roqueton et son zoom à la chasse aux détails cachés dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux © Crédit photo Gw B. 

Pendant six ans, l'historien de l'art a visité 650 églises et chapelles, la quasi­ totalité du patrimoine départemental. Ce qu'il y a trouvé raconte « une histoire locale oubliée et poignante. » « Les visiteurs, explique-t-il, passent souvent devant les vitraux sans s'arrêter sur les détails. » Notamment celui-ci : la présence par centaines de blasons et autres armoiries, au-dessus des figures et scènes bibliques. 

François-Rémi Roqueton a répertorié près de 900 "écus" renvoyant à des personnes, des institutions (ici, la Ville de Bordeaux) voire des corporations médiévales, illustrations de la vague néogothique de la deuxième moitié du XIXe siècle. Gw.B./« SO » 

« En zoomant avec mon appareil photo, j'ai découvert tout un bestiaire héraldique. Et je me suis posé la question : à qui, ces léopards azur, ces tours d'or ? Qui sont ces gens ? » Répertoriant près de 900 « écus de lumière », François-Rémi Roqueton a mis au jour « des constantes qui forment un système ornemental rationalisé, avec sa cohérence ». Et la marque d'une époque bien particulière dans l'histoire du christianisme. 

Les dates des blasons et la répartition des personnes ou institutions à qui ils renvoient. François-Rémi Roqueton 

« En Gironde, le vitrail médiéval est très rare. Beaucoup ont été démontés pour faire entrer la lumière et faciliter la lecture des Écritures, aux XVIIe et  XVIIIe siècles. La Révolution est ensuite passée par là. Mais dans la seconde moitié du XIXe, l'art du vitrail peint a connu une renaissance. » 

Donateurs

Cette vague néomédiévale a été portée par des prélats bâtisseurs et des donateurs « dans une période de concorde religieuse dont l'expression a été un retour au gothique triomphant, un gothique fantasmé visant à reconquérir les fidèles et à servir la gloire d'un culte régénéré ».

 

Nombre de ces blasons renvoient ainsi à ces prélats, comme l'archevêque Donnet, « mais aussi aux grands donateurs qui voyaient l'occasion d'exprimer leur charité, vertu cardinale et, ne soyons pas naïfs, celle d'exhiber leur orgueil nobiliaire. J'ai dépouillé de nombreux journaux légitimistes qui ouvrent sur la psyché de ce monde vivant dans une paranoïa d'un retour de la République, qui horrifiait les grands aristocrates. » 

Armoiries des familles de Calvimont et de Baritault, registre inférieur du vitrail de saint Louis, atelier Henri Feur, 1900, chapelle de l'Assomption Sainte Clotilde, Bordeaux.

François-Rémi Roqueton 

Les vitraux armoriés racontent donc la grande histoire, mais aussi la petite, celles de familles de donateurs bien connues à Bordeaux (Pichon de Longueville, Pontac ... ), dont certaines existent toujours. « C'était très touchant de rencontrer leurs descendants. Un des leurs est même devenu le protecteur et mécène de mes recherches : Alain de Baritault du Carpia, dont les armoiries figurent dans les vitraux de la chapelle de l'Assomption. » 


François-Rémi Roqueton a fait d'autres rencontres inattendues en se plongeant dans les journaux de l'époque. « C'est une mine. Je fourmille de projets ». L'un d'entre eux est la publication des « Pépites de la presse du XIXe siècle » aux Éditions du Trésor, en mars 2025. On a hâte de suivre le guide. 

« 1 000 écus de lumière »

C'est le nom de la conférence donnée par François-Rémi Roqueton le 26 novembre 2024 à 19 heures aux archives Bordeaux Métropole, avec l'association Tout Art Faire.

 

 

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Par Gwenaël Badets

Publié le 24 novembre 2024