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Ouest France : "Son héroïne a vécu dans son manoir. Maurice de Kervénoaël dans les pas de Louise du Bot du Grégo"

10 mars 2024 Revue de presse
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Maurice de Kervénoaël avait une bonne raison de raconter la vie trépidante de Louise du Bot  du Grégo. Il habite le manoir que l'héroïne de son dernier livre occupait il y a deux siècles. 

Maurice de Kervénoaël devant le manoir du Vau de Quip à Allaire (Morbihan) qui fut celui de l'héroïne de son dernier livre Louise du Bot du Grégo, qui l’habita sous la Révolution française.

Photo : Mathieu Pattier, Ouest France.

« Là-bas, c'est la chapelle où Louise s'est mariée. La fenêtre au milieu, c'était sa chambre. Et le général Hoche entrait par cette porte. » On ferme un peu les yeux et on se retrou­ve plus de deux siècles en arrière. Lorsqu'il fait le tour de son joli manoir du Vau de Quip à Allaire (Morbihan), Maurice de Kervénoaël ne peut pas­ser sous silence Louise du Bot du Grégo, propriétaire des lieux, bien avant lui, en pleine Révolution fran­çaise. Et si on a l'impression que l'imposante bâtisse n'a pas changé depuis, c'est qu'elle a été finement restaurée en respectant sa lointaine histoire, au prix de travaux d'Hercule. 
En achetant le manoir, cet ancien dirigeant de grandes entreprises n'avait jamais entendu parler de Louise, dont il ne reste, il est vrai, pas grand-chose, pas même un tableau. Sauf que la mémoire locale ne l'a pas vraiment oubliée. Un jour, c'est un vieux paysan du coin qui évoque, devant lui, en termes cin­glants, les relations que la jeune aris­tocrate entretenait avec le général Hoche, puissant militaire du camp républicain, l'ennemi, en principe. 
Plus tard, c'est un enseignant, pas­sionné par l'histoire locale, qui lui confirme que le souvenir de Louise ne s'est pas évaporé. Il y a de quoi titiller la curiosité de l'auteur d'une quinzaine de romans historiques qui a entrepris, après sa vie dans le mon­de des affaires, une seconde existen­ce en écrivant des livres. 

Un tourbillon d'aventures sous la Révolution 

Plus il cherche, plus il trouve que Louise mérite ce roman, La maîtresse du Général (l'Archipel). Après tout, il a son héroïne sous le même toit, même si c'était il y a bien longtemps. Elle a laissé une trace. « Il y a une présence », sourit Maurice de Kervénoaël. Et surtout, il y a cette vie trépidante d'une jeune noble, héritière de l'une des plus puissantes familles bretonnes, qui traverse la Révolution dans un tourbillon d'aven­tures. Elle est d'abord mariée à un vicomte, sans qu'on lui demande vraiment son avis, comme le voulait l'usage. Il choisira de mener le com­bat de la chouannerie contre la jeune République. Mais déjà, Louise se démarque. Elle n'est pas hostile aux idées nouvelles de l'époque et com­prend bien que la noblesse ne peut plus vivre arc-boutée sur des privilè­ges d'un autre temps. 

 

Pour autant, elle s'inquiète de la vio­lence que peut déclencher la Révolu­tion. Et puis, elle entreprend cette relation passionnée avec le puissant général Hoche, fer de lance des trou­pes républicaines. De fil en aiguille, il lui demande des renseignements sur le camp royaliste que Louise con­tinue de fréquenter. Son nom reste un sésame pour ouvrir les portes des châteaux. Cela s'appelle aussi de l'espionnage, mais la jeune femme est convaincue que l'Ancien Régime a vécu et espère qu'une monarchie constitutionnelle verra le jour. 

 

Louise n'a guère de scrupules puis­qu'elle fait la même chose pour le camp d'en face lorsque des royalis­tes lui demandent de sonder un peu son général pour savoir ce qu'il mijo­te. Elle joue avec le feu en fréquen­tant quelques-uns des grands chefs de la chouannerie. Elle saura aussi se montrer intraitable pour conserver ses propriétés, comme son si cher Vau de Quip. 

« C'est une héroïne formidable » 

Seulement, les historiens qui ont pu se pencher sur son cas ont surtout retenu, et la mémoire populaire avec eux, ces trahisons qu'elle pratique néanmoins avec mesure pour ne jamais se faire trop remarquer. Loui­se a vécu dangereusement tout en veillant à ne pas dépasser les limites de toutes ses manigances. 
« Mon livre est un peu une réhabili­tation », concède l'auteur qui souli­gne toutes les qualités à ses yeux de cette femme hors du commun « Elle est intelligente, moderne, bel­le et séduisante. C'est une héroïne formidable. » 
Il s'est appuyé sur une trame histori­que solide pour marcher dans les pas de Louise. Avec elle, il raconte cette période si troublée de la Révo­lution où il n'y a pas d'un côté les bons et de l'autre les méchants. Tout est plus nuancé lorsque l'on voit des nobles soucieux d'une société plus égalitaire, comme Louise. Ou des républicains, comme Hoche, qui souhaitent vraiment en finir avec la guerre civile et négocier avec les royalistes. « Dans ces périodes si troublées de l'Histoire, ce n'est jamais noir ou blanc », poursuit l'écrivain. Louise ne l'aurait pas démenti. 

 

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Par Didier Gourin

Publié le 10 mars 2024