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Famille Chrétienne : "Philippe et Agnès de Lépinau, couple en mission auprès des Malgaches : un appel d’En-haut"
Directeur de la maternité Sainte-Fleur, Philippe a commencé sa retraite à Madagascar, avec son épouse Agnès. Pour servir Dieu et leur prochain à travers l’Ordre de Malte France.
Agnès et Philippe commencent leur retraite au service des Malgaches - S. PRUVOT
Partir en mission à Madagascar alors que l’heure de la retraite vient de sonner, n’est-ce pas un peu héroïque ?
Agnès de Lépinau – Non, c’est plutôt un concours de circonstances. On s’était fait tous les deux à l’idée de quitter Paris pour passer notre retraite à Crach, dans le Morbihan. Notre plan était bien arrêté !
Philippe de Lépinau – J’attendais ce moment avec impatience [sourires]. Je me voyais déjà dans mon jardin sur mon tracteur ou en train de tronçonner des arbres et en replanter ! C’était une perspective sympathique après une vie professionnelle harassante.
Avant Madagascar, vous aviez déjà l’expérience de l’expatriation en famille, notamment en Iran…
P. L. – Cela a été une expérience fantastique. Même si c’est vrai que c’est un régime terrible. On étouffe à la longue et on compatit avec la population…
A. L. – C’est à Téhéran que j’ai découvert les Filles de la Charité, qui tenaient une maison de retraite. Je continue avec joie à servir avec des religieuses dans plusieurs dispensaires de Tananarive. Je renoue avec ma formation initiale d’infirmière !
Comment est survenu ce projet un peu fou de Madagascar ?
P. L. – C’est notre fils Gabriel qui nous a embringués là-dedans ! Il faut tout de suite préciser qu’il a été envoyé à Madagascar avec les Missions étrangères de Paris (MEP) il y a cinq ans… Il savait que nous nous interrogions sur la manière de vivre le début de notre retraite. Il connaissait mon prédécesseur, responsable, à Tananarive, de la maternité Sainte-Fleur. Il était informé que son mandat allait se terminer et il m’a prévenu de l’opportunité. J’ai donc pris contact avec l’Ordre de Malte France. Quelle était votre disposition d’esprit pour répondre à un tel appel ?
Gabriel de Lépinau, leur fils missionnaire : Ordonné prêtre en 2018, le Père Gabriel de Lépinau a quitté le diocèse de Vannes, dans le Morbihan, au titre des Missions étrangères de Paris, pour exercer à vie son ministère au service du peuple malgache dans le diocèse de Port-Bergé. Aventurier dans l’âme, il avait publié, en 2012, un récit de voyages intitulé Sur les traces des chrétiens oubliés (Calmann-Lévy).
A. L. – Être dérangée, cela me convient ! J’avoue que je redoutais un peu le ronron en nous installant à Crach. On a toujours eu besoin de voir autre chose… Je sentais que Philippe était réticent à partir sur-le-champ ; c’était quand même dur de quitter la France pour Madagascar ! J’ai confié toute cette histoire à Dieu. Je sentais que c’était un appel qui venait vraiment de Lui. Cela dit, je ne voulais pas forcer Philippe… C’était quand même lui qui allait travailler à la maternité Sainte-Fleur, et pas moi !
P. L. – Nos enfants ne voulaient pas avoir des parents ratatinés et trop embourgeoisés [rires] ! Ma motivation principale pour partir ? J’avais une forme de dette vis-à-vis de Dieu pour tout ce que j’avais reçu [larmes aux yeux]. C’était une façon de Lui dire merci. J’ai beaucoup reçu… je devais être capable aussi de donner à mon tour. Finalement, je n’ai pas sauté dans le vide en venant à Madagascar. Je n’ai pas pris de gros risques. C’est juste un dérangement [rires].
A. L. – Un vrai renoncement parfois [silence]. Vous savez, la retraite n’est jamais une fin en soi, mais une étape. Il était bon pour nous d’être capables d’accueillir un peu d’aventure, quitte à s’éloigner provisoirement de nos enfants… et petits-enfants.
Comment avez-vous sauté le pas ?
A. L. – Avant de dire oui à l’Ordre de Malte France, nous avons consulté nos sept enfants. C’était important pour nous d’avoir leur accord. Ils ont tous répondu de manière positive à ce projet, même si on leur rendait bien des services au quotidien. On a aussi sondé Gabriel pour savoir s’il ne redoutait pas de nous voir débarquer plusieurs années à Madagascar. Pour les MEP, cela ne va pas de soi que des parents s’installent dans le même pays que leur enfant missionnaire ! Mais Gabriel est un homme libre. On ne le voit que de temps en temps, car il est loin (quatorze heures de voiture). Il ne se colle pas à nous et on ne le colle pas non plus !
Finalement, vos enfants ont activement participé à votre départ à Madagascar
P. L. – Exactement. Cela a été une grande surprise pour nous. On a eu droit à un véritable jeu fléché dans tout Paris du matin jusqu’au soir. En arrivant aux MEP, on croyait que tout était terminé. On a poussé la porte et puis on a eu le choc de voir famille et amis qui nous attendaient pour une messe d’envoi en mission. Cela a été tellement fort !