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Ouest France : "ENTRETIEN. « Les demeures historiques ouvertes au public contribuent à l’économie locale »"

01 avril 2024 Revue de presse
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L’association Demeure historique, qui fête ses 100 ans, rassemble 3 000 propriétaires de monuments et jardins historiques privées. Chaque année, ce patrimoine accueille plus de neuf millions de visiteurs La transmission, le financement et le développement durable sont trois des grands enjeux.

Olivier de Lorgeril est le président de l’association la Demeure historique. Lui-même est propriétaire du château de La Bourbansais à Pleugueneuc (Ille-et-Vilaine). | DAVID ADEMAS / OUEST-FRANCE

Olivier de Lorgeril est, depuis 2019, président de l’association Demeure historique, reconnue d’utilité publique. En cette année du centenaire, le propriétaire du château de la Bourbansais rappelle que ces monuments historiques privés, en s’ouvrant au public, participent à la vie économique et culturelle des territoires. Cette ouverture est aussi nécessaire pour en assurer la pérennité et faire naître des vocations de transmission.

100 ans. L’association fait preuve d’une extraordinaire longévité. Comment l’expliquez-vous ?

C’est la plus ancienne association reconnue d’utilité publique qui regroupe et accompagne des propriétaires gestionnaires de monuments historiques privés en France. On la doit à la démarche visionnaire de Joachim Carvallo, propriétaire du château de Villandry en Touraine. Elle s’est inscrite dans la durée grâce à la passion et l’innovation des adhérents.

3 000 adhérents

Qui sont ces adhérents ?

Les adhérents sont 3 000 propriétaires d’un patrimoine très divers. Cela peut être un château, un manoir, ou même une abbaye, un prieuré mais aussi un ancien site industriel et du non-bâti comme des jardins. Il n’y a pas un canton en France qui n’a pas son monument historique ou remarquable. C’est le dernier rempart à l’absence de culture dans les territoires, surtout en milieu rural.
Vous encouragez justement les adhérents à ouvrir au public.
Parmi les adhérents, la moitié ouvre au public. Cela représente plus de neuf millions de visiteurs par an. Il y a des ouvertures à l’année, pendant la saison estivale ou plus ponctuelles. Ouvrir au public, c’est redonner un usage à nos monuments, une réalité économique. L’absence d’usage explique d’ailleurs que certains sont en mauvais état.
Nous avons d’ailleurs créé un groupe au sein de l’association : les Audacieux du patrimoine. Ce réseau rassemble des propriétaires qui développent, de manière professionnelle, des activités économiques durables. L’idée est de faire émerger et de partager des modèles économiques rentables tout en révélant le potentiel socioéconomique du patrimoine.

La moitié ouvre au public

Comment répondre à l’enjeu de la transmission de ce patrimoine ?
Je ne connais pas un propriétaire qui ne se préoccupe pas de l’avenir. Il s’agit d’un défi plus que jamais d’actualité. Vous avez pratiquement 1 500 châteaux et monuments en vente actuellement. Il y en avait environ 2 à 300 il y a une vingtaine d’années. C’est une telle responsabilité, une telle charge financière. C’est pour cela que l’on se bat pour redonner un usage. Si vous réinventez une économique plus équilibrée autour, cela devient beaucoup moins anxiogène pour les jeunes générations de se lancer, d’entreprendre.
La recherche de financement est un autre défi de l’association.
La ressource publique se fait rare mais le maintien d’une enveloppe constante de crédits est primordial. 1 € d’argent public injecté dans le patrimoine, c’est 21 € de retombées directes et indirectes dans les territoires. Un monument historique ouvert, c’est bon pour l’activité économique locale. Ce sont des commerces et artisans locaux qui travaillent, du tourisme. Une économie non délocalisable.
L’État via les Drac subventionne pour partie des travaux d’entretien des monuments historiques inscrits ou classés. Nous essayons également de mobiliser les collectivités pour leur faire comprendre qu’elles peuvent y trouver un intérêt. En Bretagne, en plus de la Région, il n’y a plus qu’un Département – le Morbihan – qui a conservé un accompagnement. Stéphane Bern a l’habitude de dire que le patrimoine c’est l’affaire de tous.
Le mécénat est également un complément de financement indispensable. La Fondation Mérimée, créée par l’association, a permis de récolter près de cinq millions d’euros et autant de travaux démultipliés avec l’aide de la puissance publique.

Un observatoire « Monuments historiques et développent durable »

Comment répondre aux enjeux de transition énergétique et développement durable ?
Nous allons lancer en septembre l’observatoire Monuments historiques et développement durable, sous l’égide de Grégory Quenet, professeur en histoire de l’environnement. La contribution potentielle des monuments historiques habités est fortement sous-estimée. Les monuments, particulièrement en milieu rural, sont à considérer dans leur ensemble. Il y a le bâti et les abords, les parcs, les jardins, niche de biodiversités. Les matériaux de construction ont bien souvent une origine locale qui mérite d’être cartographiée. Il y a une longue tradition d’autosuffisance alimentaire et énergétique à réactiver. La durabilité est aussi celle des liens sociaux tissés autour de ces demeures. L’enjeu de cet observatoire est d’élaborer de nouveaux indicateurs et outils permettant d’évaluer la durabilité des monuments habités. Les monuments historiques sont des acteurs du développement durable.

 

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Par Pierre Momboisse

Publié le lundi 1er avril 2024